Projet de recherche sur les hémangioblastomes

19 Fév 2019 | La recherche sur le VHL, Recherche fondamentale

Point de Caroline PIROU – Institut Gustave Roussy à Villejuif lors de L’AG VHL France du 19.02.2019

L’hémangioblastome (HB) est une tumeur méconnue, dont l’élucidation des origines et des mécanismes nous échappe encore puisqu’il n’existe pas de modèle animal de la maladie de VHL.

Plusieurs populations cellulaires ont cependant pu être identifiés dans ces hémangioblastomes par observations microscopiques dont notamment les cellules « stromales » qui seraient les cellules à l’origine de la tumeur et dans lesquelles une deuxième mutation somatique du gêne VHL a eu lieu, menant à son inactivation complète.

Afin de mieux caractériser cette tumeur, les cellules qui la composent ainsi que ses mécanismes moléculaires, l’équipe EPHE à l’Institut Gustave Roussy a mis au point un modèle cellulaire d’hémangioblastomes.

Il s’agit de culture « primaire », c’est à dire de cellules tumorales issues de patients et directement mises en culture sitôt la tumeur sortie du bloc opératoire. Grâce au réseau PREDIR dirigé par le Pr. Stéphane RICHARD, ainsi qu’à la collaboration du Dr Philippe DAVID (neurochirurgien, hôpital Bicêtre) et du Dr Clovis ADAM (anatomopathologiste, hôpital Bicêtre) des hémangioblastomes ont pu être mis en culture depuis janvier 2016.

Le taux de cellules stromales au sein d’une culture est très variable selon les patients, de 3 à 59%. Malheureusement les cellules stromales seules remises en culture ne survivent pas. Soit parce qu’elles ont besoin des cellules environnantes pour proliférer, soit parce qu’elles sont trop sensibles au stress imposé par le tri cellulaire. L’équipe continue donc à travailler sur des cultures cellulaires hétérogènes.

Dans le but de caractériser les différents types cellulaires constituant ces cultures hétérogènes, on utilise des anticorps fluorescents dirigés contre des marqueurs spécifiques de cellules de type endothélial (qui forment les parois de vaisseaux sanguins), stromal, neuronal etc…

Les résultats préliminaires d’observations par microscopie à fluorescence semblent indiquer que les frontières sont floues entre les différents types cellulaires : une même cellule exprime simultanément des marqueurs de types cellulaires différents, ce qui pourrait signer un mécanisme de dédifférenciation des cellules composants les hémangioblastomes. Le but du projet est de pouvoir utiliser les cultures cellulaires d’hémangioblastomes comme modèle pour tester l’effet de différentes drogues sur la survie de ces cellules. Il s’agit de médicaments déjà testés sur des hémangioblastomes, que nous voulons tester sur notre module cellulaire pour pouvoir en décrypter les mécanismes :

  • L’octréotide  a   été étudié par l’équipe de Sizdahkhani suite à la découverte de la présence des récepteurs à la somatostatine dans les HBs et que nous avons également retrouvé dans notre série d’hémangioblastomes.
  • Le cisplatine est un agent génotoxique couramment utilisé en chimiothérapie et qui pourrait être utilisé à faible dose pour potentialiser l’effet de l’octréotide.
  • Le propanolol est un bêta-bloquant testé par les équipes d’Albinana et Shepard dans les hémangioblastomes.
  • Le sunitinib, un anti-angiogénique déjà testé en clinique sans succès pour les hémangioblastomes. A confirmer, et si c’est le cas, comprendre au niveau moléculaire pourquoi ce médicament n’a pas d’effet.

Une étude génomique est en cours afin de séquencer de l’ADN extrait du sang, d’un fragment d’hémangioblastome congelé et de culture primaire issus d’un même patient.

Cette étude sera initialement menée sur 4 patients et 6 échantillons : accès pour 2 d’entre eux à 2 tumeurs distinctes et indépendantes, dont une issue d’une patiente opérée en cours de grossesse. Cet hémangioblastome a la particularité de posséder le récepteur à la progestérone (PR), ce qui suggère une hormono-dépendance : la progestérone est absente du 2ème hémangioblastome développé après son accouchement, ou d’hémangioblastomes d’autres patients.

Cette étude ouvre de nombreuses pistes à explorer :

  • En comparant le sang à la tumeur congelée, possibilité d’identifier les mutations somatiques acquises spécifiquement par les cellules composant la tumeur, en plus de la deuxième mutation somatique du gêne VHL.
  • La liste des gênes comprenant de nouvelles mutations somatiques constituera une liste de candidats à étudier comme étant de nouveaux marqueurs du développement d’hémangioblastomes
  • En comparant la culture primaire à la tumeur congelée, on pourra déterminer à quel point le modèle cellulaire a dérivé de la tumeur originelle en accumulant de nouvelles mutations somatiques, ce qui permettra d’évaluer la robustesse du module cellulaire.

L’hémangioblastome est à l’origine des symptômes principaux affectant la qualité de vie et la survie des patients VHL.

C’est la raison pour laquelle les efforts de recherche doivent être maintenus afin de décrypter ses mécanismes moléculaires et pouvoir ainsi découvrir de nouvelles cibles thérapeutiques alternatives à la chirurgie, seul traitement de référence à l’heure actuelle.

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